Flambée des prix du gasoil, conséquences sur les sociétés d’armement de pêche

RFM Matin du 21 octobre 2020 avec Babacar FALL-Invitée : Fatou Niang NDIAYE, Vice-Présidente GAIPES
octobre 23, 2020
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A la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 qui a fortement impacté la pêche et les tendances lourdes observées au niveau du secteur, notamment la pleine exploitation et la surexploitation des principaux stocks de poisson ciblés, un mode de gestion et d’exploitation des pêcheries pas toujours basé sur une approche précautionneuse, la valorisation insuffisante des produits halieutiques, la pêche INN, une recherche halieutique en besoin de renforcement, des externalités liées à l’exploitation du pétrole et du gaz, le changement climatique, s’est ajoutée une flambée sans précédent du prix du gasoil, consécutive à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Un suivi de l’évolution journalière et de la moyenne mensuel du prix du baril de pétrole sur une période de 14 mois, allant de mars 2021 à avril-mai 2022, a permis de noter deux phases.

Une période relativement stable sur les dix premiers mois (mars à décembre 2021) marquée par de faibles variations du prix du « gasoil navire » qui oscille entre 60 et 80 $ le baril ; soit 235 à 300 F CFA le litre. Le cours du pétrole a ensuite connu une hausse brusque à compter du premier trimestre 2022, pour pratiquement doublé (138 $/baril) en début mars, après le déclanchement de la guerre en Ukraine le 24 février.

A titre illustratif, les données collectées auprès de sociétés d’armements membres du GAIPES indiquent une consommation mensuelle en carburant pour une cinquantaine de navires de pêche démersale côtière, pêche démersale profonde et pêche hauturière, à près de 4 millions de litre (3,963 millions).

Pour couvrir ce besoin avec un prix moyen du gasoil qui est passé de 304 F CFA le litre avant la crise à 673 F CFA, ces entreprises doivent débourser un montant supplémentaire de l’ordre de 1,5 milliard de FCFA par mois.

Etendue à l’échelle d’une flotte de pêche de 123 bateaux (taille de la flotte sénégalaise en avril 2022, selon le ministère des pêches), les besoins mensuels en carburant peuvent se chiffrer, toute chose égale par ailleurs, à au moins 10 millions de litres ; soit un renchérissement qui culmine à plus de 3,5 milliards de F CFA tous les mois.

  Gasoil x1000 L/mois Prix moy. avant Prix moy. actuel Variation x1000 F CFA
50 navires                   3 963 304 673      1 464 611
123 navires                   9 749      3 602 944

 

Ce choc d’une ampleur inédite qui sape les efforts et sacrifices consentis à la fois par l’Etat du Sénégal et les professionnels de la pêche, menace la relance des activités économiques post Covid-19, voire la survie de l’industrie de la pêche.

 

Une des stratégies adoptées par certains armateurs consiste à arrêter des navires, avec des conséquences sur le chômage (il faut compter environ 20 pères de familles par bateau, des milliers de femmes qui s’activent dans les usines de transformation du poisson), des pertes de marchés d’exportation pour le Sénégal au profit de pays concurrents, une baisse des recettes fiscale et douanière, des effets néfastes sur le panier de la ménagère, sur la sécurité alimentaire, etc.

 

Aussi, il urge de réfléchir ensemble pour trouver des mécanismes et des leviers qui permettront de maintenir à flot l’industrie de la pêche, qui subit de plein fouet les contrecoups des fluctuations des cours mondiaux du baril de pétrole ; auxquels s’ajoutent les conséquences liées à l’inversion de la parité entre l’euro et le dollar.

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